Origines de la Cartomancie et son évolution à travers les siècles
Histoire ancienne de la Cartomancie
La cartomancie, cette fascinante forme d’art divinatoire qui utilise les cartes comme outil de prédiction, a des racines profondes qui plongent dans les méandres du temps. Pour remonter à ses origines, nous devons voyager jusqu’au 15ème siècle, à Barcelone, où des références énigmatiques à un « joch de nayps moreschs » ont été découvertes. Ces cartes, rappelant étrangement les cartes Mamluk, arboraient des inscriptions calligraphiques, suggérant un lien avec la divination. À cette époque, un jeu espagnol appelé « Juego de Naypes » a également fait son apparition, proposant des prédictions basées sur les cartes, témoignant ainsi de l’ancienne tradition de la cartomancie.
La diversification de la pratique au XVIe siècle
Au XVIe siècle, la pratique de la cartomancie a commencé à se diversifier et à se répandre. En Allemagne, le « Kartenlosbuch de Mayence » publié en 1505 proposait des prédictions basées sur les cartes tirées, prouvant que la cartomancie n’était pas seulement un jeu, mais aussi une méthode sérieuse de divination. Le Dr. Johann Hartlieb, tout en décrivant la méthode utilisée pour obtenir des réponses à travers les cartes ou les dés, émettait des critiques sur cette pratique.
L’essor artistique et culturel de la cartomancie
Le XVIe siècle a également vu la cartomancie s’épanouir sur le plan artistique et culturel. En 1507, Francesco Pico della Mirandola évoquait la divination, notamment par les cartes, tout en distinguant les prophètes divinement inspirés des autres pratiques divinatoires. Une peinture intitulée « La cartomancienne » de Lucas van Leyden témoigne de la notoriété artistique acquise par l’art de lire les cartes à cette époque. De plus, les œuvres littéraires, comme celle de Teofilio Folengo en 1527, ont incorporé la cartomancie de manière poétique.
Cartomancie et symbolisme métaphorique
En 1540, à Venise, « Le Jardin des Pensées » de Marcolini a émergé comme un autre exemple de cartomancie utilisée comme oracle. Les prédictions obtenues étaient souvent métaphoriques et symboliques, reflétant ainsi la complexité et la nuance de la vie. Cependant, la cartomancie n’était pas sans controverses, comme en témoigne la condamnation de Martin de Azpilcueta en 1556, dans son guide pour les confesseurs, mettant en garde contre ceux qui pratiquaient la divination par les cartes. Cela souligne l’ampleur de la pratique à l’époque, nécessitant même l’intervention de l’Église.
Une fenêtre sur l’avenir et une liaison avec le divin
À travers ces exemples, il devient évident que la cartomancie était bien plus qu’un simple passe-temps; elle était une fenêtre ouverte sur l’avenir, une liaison avec le divin et, parfois, un sujet de discorde. La richesse de son histoire témoigne de sa capacité à évoluer, à s’adapter et à s’intégrer dans la culture européenne au fil des siècles.
L’Âge d’Or de la Cartomancie au XVIIe siècle
Cartomancie en vogue malgré la controverse
Au XVIIe siècle, l’art de la cartomancie, la divination par les cartes, était en vogue, mais pas sans susciter des controverses. Un ouvrage prétendument antique intitulé « Le Carré des Septs et le Parallélogramme » s’est avéré être un canular littéraire du XIXe siècle, grâce aux investigations de Ross Caldwell. Certains considéraient la cartomancie comme un simple divertissement, tandis que d’autres la prenaient très au sérieux, comme en témoignent les observations de Beaumarchais sur la divination aux Pays-Bas en 1738. D’autres formes de divination, comme la pyromancie, étaient également pratiquées à cette époque.
L’essor des Tarot de Bologne
Franco Pratesi, un spécialiste italien, a découvert un manuscrit décrivant les interprétations cartomantiques des tarocchi bolognais. Ces cartes avaient des significations telles que « voyage » ou « amour », montrant ainsi une utilisation continue à travers les âges. Pendant ce temps, James Sketchley, un éditeur britannique, créait des « Cartes de conversation » considérées comme éducatives. D’autre part, une aquarelle mettant en scène Cagliostro révèle que ce dernier lisait également les cartes pour la noblesse, soulignant le contraste culturel.
Le symbolisme des cartes au XVIIe siècle
En 1755, John Kidgell publie « La Carte », où le Valet de Trèfle est doté d’une symbolique riche, reflétant la tendance à chercher des significations dans les cartes. Dans « Le Vicaire de Wakefield » d’Oliver Goldsmith, il est suggéré que la compétence de la lecture des cartes est admirable chez une femme. De plus, Casanova, en 1765, évoque sa jeune maîtresse russe, Zaïre, qui pratiquait quotidiennement la cartomancie. Toutefois, son interprétation exagérée des cartes attisait la jalousie, poussant finalement Casanova à jeter son jeu de cartes au feu. Le tableau « La Divination » de Venetsianov illustre cette pratique.
Le solitaire et la divination
Casanova évoque également le jeu de solitaire, que d’autres cultures associent à la divination. En France, le solitaire est appelé « réussite », tandis qu’au Danemark, en Norvège et en Islande, il est nommé « kabal(e) », lié à une connaissance secrète. En somme, le XVIIe siècle témoigne d’un intérêt marqué pour la cartomancie et la divination en général, révélant une facette fascinante de la culture et des croyances de l’époque. Bien que certains y voient un amusement, pour d’autres, c’est une pratique sérieuse influençant les décisions et les relations.
L’Émergence de la Cartomancie Moderne au XVIIIe
Jean-Baptiste Alliette, le précurseur
Au cœur du 18e siècle à Paris, Jean-Baptiste Alliette, surnommé Etteilla, se démarque dans le monde de l’ésotérisme. À l’origine vendeur d’estampes et professeur de numérologie, il prétend avoir été initié à la divination par les cartes par trois cartomanciennes, dont l’une venait du Piémont en Italie. En 1770, il partage ses connaissances dans un ouvrage intitulé « Etteilla, ou manière de se récréer avec un jeu de cartes », dans lequel il introduit le terme « cartonomancie », précurseur de « cartomancie ». C’est une étape majeure qui marque l’essor de la pratique, avec des jeux inspirés de sa méthode qui surgissent peu après.
Les précurseurs de la cartomancie
Néanmoins, Etteilla n’est pas le pionnier absolu dans ce domaine. Un peu avant lui, en Allemagne, un texte de Christian A. Peuschel en 1769 aborde déjà la cartomancie. De plus, John Brand, un auteur anglais, cite en 1777 des vers extraits d’un ancien livret évoquant la divination par les cartes.
Le Tarot et l’influence égyptienne
L’année 1781 est marquée par la sortie du huitième volume de l’encyclopédie « Le Monde primitif » d’Antoine Court de Gébelin. Ce dernier, proche de figures emblématiques comme Ben Franklin et James Madison, suggère des origines égyptiennes du Tarot. L’encyclopédie révèle également des correspondances entre les 22 Atouts du Tarot et les 22 lettres hébraïques, une idée soutenue par le Comte de Mellet. C’est d’ailleurs ce dernier qui renomme la suite des deniers en « talismans », une terminologie qui influencera des penseurs ésotériques ultérieurs comme Éliphas Lévi. Malgré ses efforts pour publier ses propres travaux sur le Tarot, Etteilla doit attendre 1783 pour être autorisé. Lorsqu’il y parvient, cela solidifie la position du Tarot comme outil de mystère et de divination.
La diversification des pratiques divinatoires
Vers la fin du siècle, en 1791, un manuel de divination inclut un chapitre consacré au tirage des cartes, offrant des directives qui résonnent encore avec les pratiques actuelles. Le texte introduit également l’art de la lecture du marc de café.
L’art reflète l’engouement pour la divination
L’atmosphère de l’époque est capturée par l’œuvre de l’artiste français Martin Drolling, « La diseuse de bonne aventure », qui illustre la quête des soldats de Napoléon et de leurs proches pour connaître leur avenir.
Ainsi, le 18e siècle est une période charnière pour l’évolution de la cartomancie, avec des figures clés comme Etteilla et des ouvrages influents qui façonnent le domaine de l’ésotérisme et de la divination.
Le XIXe siècle : Apogée de la Cartomancie
Marie-Ann-Adélaïde Lenormand, une figure emblématique
Au tournant du XVIIIe au XIXe siècle, la divination et l’astrologie ont joué un rôle prépondérant dans la société européenne. Marie-Ann-Adélaïde Lenormand, plus connue sous le nom de Mlle. Lenormand, fut une figure emblématique de cette période. Arrivée à Paris vers 1790, elle prétendait avoir appris l’art de la cartomancie auprès de gitans. Grâce à ses talents et à sa promotion, ainsi qu’aux écrits d’Etteilla, la divination avec les cartes à jouer gagna en popularité à l’échelle mondiale. Elle n’était pas limitée à une seule méthode, utilisant également l’astrologie, la numérologie et la chiromancie. Bien qu’elle prétendait lire pour des figures comme Napoléon, il est plus probable qu’elle ait servi Joséphine.
Autres formes de divination et mises en garde
Dans un contexte plus large, d’autres formes de divination gagnaient en popularité. Par exemple, en 1796 à Londres, un livret portant le titre « Tawny Rachel » voyait le jour. Il racontait l’histoire d’une diseuse de bonne aventure talentueuse qui, à la fin, se révéla être une escroc. Ce récit servait d’avertissement contre la confiance aveugle en de telles figures. Pendant ce temps, en 1794 à Vienne, un jeu de cartes de divination inspiré de la divination par le marc de café, un héritage de la culture turque, était lancé. Ce jeu utilisait des images typiquement employées pour décrypter les motifs formés par le marc de café au fond d’une tasse. Simultanément, à Nuremberg, Johann Kaspar Hechtel présentait le « Spiel der Hoffnung », un jeu de 36 cartes conçu tant pour le divertissement que pour la prédiction.
Le Petit Lenormand et la diversification des pratiques
Au début du XIXe siècle, un autre jeu de cartes, conservé au Metropolitan Museum of Art, combinait des images de costumes étrangers avec des éléments de cartomancie. Ces cartes polyvalentes pourraient être utilisées tant pour le jeu que pour la divination. La popularité de la divination ne se limitait pas à quelques individus ou à la haute société. À Paris, de nombreuses femmes, qu’elles soient de la noblesse ou du commun, consultaient des cartes pour connaître leur avenir. Certaines étaient si convaincues de leurs talents qu’elles hésitaient à tirer les cartes de peur de voir un présage défavorable. Cette obsession pour l’astrologie et la divination peut être vue comme une réponse à l’incertitude et à l’adversité de l’époque.
L’essor de la divination en Amérique
Aux États-Unis, les rapports sur la divination par cartes remontent à la fin du XVIIIe siècle. Cependant, ils étaient généralement associés à des arnaques. En 1838, Julia Orsini a écrit sur la lecture des cartes d’Etteilla, faisant référence au célèbre Comte Cagliostro, figure notable des cercles maçonniques. L’année 1840 a vu une combinaison d’art et de poésie lorsque Dante Gabriel Rossetti a écrit un poème intitulé « The Card Dealer » pour la peinture « The Fortune-Teller » de Theodore von Holst.
La diversification des jeux de cartes
Le Petit Lenormand Deck a été introduit après la mort de Mlle. Lenormand en 1843. Malgré son décès, les éditeurs ont capitalisé sur son nom, produisant des jeux et des livres Lenormand, souvent sans lien direct avec elle. Le premier Petit Lenormand, découvert à Coblence en 1846, a été un succès majeur, menant à de nombreuses répliques et variations en Europe et aux États-Unis.
La cartomancie au XIXe siècle
À cette époque, divers jeux de cartes, comme les jeux de Sibylle ou Gitan, propulsaient la divination par les cartes à un niveau inédit. Ensuite, grâce aux contributions influentes d’Antoine Court de Gébelin, Etteilla et Eliphas Lévi, le tarot s’est placé au centre de la scène ésotérique.
Pour mettre les choses en perspective, de 1790 au milieu du XIXe siècle, l’Europe connaissait un véritable engouement pour la divination et l’astrologie. Des figures emblématiques, comme Mlle. Lenormand, et des œuvres marquantes, comme « Tawny Rachel », démontrent le poids culturel et social de ces pratiques. Par ailleurs, les jeux de cartes, tels que le jeu viennois ou le « Spiel der Hoffnung », offrent une illustration palpable de cette tendance. Cet engouement pour les arts divinatoires traduit un besoin de la société de l’époque à chercher des réponses et du réconfort dans un monde en pleine mutation.
La Cartomancie à travers les Âges
Au XIXe siècle, la divination par les cartes gagnait en popularité et de nombreuses sources en témoignaient. En 1820, M. Bouilly traduisit et publia « Les Jeunes Femmes » en anglais. Ce récit dépeint une servante pratiquant la divination pour sa maîtresse, Madame de Saucerre, désireuse de dévoiler les activités nocturnes de son mari. Puis, en 1830, Munich accueillait la publication d’un jeu de cartes allemand de 32 cartes créé par Franz Josef Holler, comportant des significations divinatoires. De plus, ce jeu entretenait des relations avec le jeu de l’Espoir de 1799, qui est l’ancêtre des cartes Lenormand. Enfin, un autre jeu de divination allemand, sorti en 1846, était associé à Mlle. Lenormand.
L’essor de la divination en Amérique
Aux États-Unis, les rapports sur la divination par cartes remontent à la fin du XVIIIe siècle. Cependant, ils étaient généralement associés à des arnaques. En 1838, Julia Orsini a écrit sur la lecture des cartes d’Etteilla, faisant référence au célèbre Comte Cagliostro, figure notable des cercles maçonniques. L’année 1840 a vu une combinaison d’art et de poésie lorsque Dante Gabriel Rossetti a écrit un poème intitulé « The Card Dealer » pour la peinture « The Fortune-Teller » de Theodore von Holst.
La diversification des jeux de cartes
Après la mort de Mlle. Lenormand en 1843, les éditeurs ont introduit le Petit Lenormand Deck. Malgré son décès, ils ont capitalisé sur son nom en produisant des jeux et des livres Lenormand, souvent sans lien direct avec elle. Le premier Petit Lenormand, découvert à Coblence en 1846, a remporté un succès majeur, entraînant la création de nombreuses répliques et variations en Europe et aux États-Unis.
L’essor de la cartomancie au XIXe siècle
Au XIXe siècle, de nouvelles approches et méthodes ont considérablement enrichi la pratique de la divination par les cartes, propulsant le tarot sur le devant de la scène ésotérique grâce à l’influence des figures éminentes telles qu’Antoine Court de Gébelin, Etteilla et Eliphas Lévi.
En résumé, la divination par les cartes a une histoire riche et variée. Elle a évolué avec le temps, influencée par de nombreux acteurs et régions, et est aujourd’hui un art reconnu et apprécié par de nombreux adeptes à travers le monde. La cartomancie continue de fasciner et d’intriguer, offrant aux chercheurs spirituels une fenêtre sur l’inconnu et une source de guidance dans un monde en constante évolution.